Nous sommes à la fin des années 90, les consoles de salon ont imposé la 3D dans presque tous les genres.
Des sagas mythiques comme les Final Fantasy règnent en maîtres.
Mais voilà que, sur nos ordinateurs de bureau, apparaît en 1997 un petit logiciel qui va faire briller des étoiles dans les yeux des jeunes (et moins jeunes) joueurs tout en leur causant de très nombreuses nuits blanches : Rpg Maker 95, premier véritable épisode d’une saga de logiciel qui perdure encore aujourd’hui et reste parmi les meilleurs de son genre.
En effet, nul besoin de connaissances en développement informatique.
Ici, vous avez à disposition une panoplie d’outils vous permettant d’assembler des éléments entre eux afin de réaliser votre propre jeu.
Cela peut prêter à sourire aujourd’hui où un titre comme Mario Maker 2 figure dans les tops de ventes de sa génération.
Mais à l’époque il s’agissait d’une petite révolution. Avec le temps, les épisodes se sont succédés, proposant toujours plus de fonctionnalités.
L’ajout de nouveaux formats compatibles comme les Mp3 pour la partie sonore ou encore l’augmentation du nombre d’images par seconde pour améliorer la fluidité du rendu font que la communauté va grandissante.
Si les différents titres ont connu une célébrité et un engouement grandissant sur le support PC, la saga de logiciel connaîtra plusieurs incursions sur consoles.
Avec une première déclinaison sur la Playstation première du nom, le soufflet retombera vite à cause des limitations du support. Exit l’édition des sprites ou l’import d’éléments sonores. Mais qu’importe, les développeurs de Rpg Maker ne se laisseront pas découragés et pour répondre à la demande des fans et pour toucher une communauté toujours plus grande, d’autres déclinaisons consoles verront le jour.
La version qui nous intéresse aujourd’hui, Rpg Maker MV sur Nintendo Switch, nous arrive avec 5 années de retard par rapport à son homologue PC et 3 ans avec son alternative Linux.
Après toutes ces années de maturation et surtout face à cet éternel problème de personnalisation des données (il n’est toujours pas possible d’importer sprite ou musique), que vaut cette nouvelle mouture console presque inespérée (d’autant plus traduite en français)?
Sortez vos carnets de notes, faites couler du café en masse, si nous sommes toujours en deçà d’une version PC, nous voilà face à une très bonne mouture console !
De quoi être le nouveau Hironobu Sakaguchi ?
Vous l’aurez très certainement déjà compris, nous ne sommes pas là face à un jeu à proprement parler.
Rpg Maker MV, si il permet de jouer aux jeux créés par la communauté, est avant tout un outil de création. Vous avez ainsi entre les mains tous les outils pour créer votre propre jeu “facilement”.
En effet, nul besoin d’ouvrir un livre de développement logiciel. Vous avez ici à portée de main, une foule d’outils comportant des éléments à assembler.
Ainsi, pour dessiner une carte, inutile de devoir créer et dessiner des arbres, vous n’avez qu’à en sélectionner un modèle et à les disposer.
Vous créez une zone ? Vous pourrez choisir le type de monstre qui y apparaît. Vous aimez un look de monstre badass mais vous ne voulez pas qu’il soit trop fort ?
vous serez en mesure de modifier ses points de vie, ses attaques,…
En somme un éditeur de jeu complet, riche et qui, s’il souffre d’une interface lourde et longue à prendre en main, vous permet de créer votre propre rpg de A à Z.
tout est ainsi éditable, du look de vos personnages à leur voix, des objets utilisables à leurs effets. Mais aussi et surtout, une histoire que vous allez devoir écrire.
Vous allez devoir taper chaque dialogue, chaque nom d’attaque, chaque nom de personnage,… Vous avez compris le potentiel du titre ?
Vous avez toujours rêvé d’un rpg sans le trouver ? Faites-le !
Mais, car il y a un mais, tout n’est pas aussi simple. Car si le soft vous simplifie la tâche, sachez qu’un travail de titan vous attend malgré tout.
Ça fait vieux mais c’est joli
Comme vous l’aurez vu et compris via les captures d’écran, le titre propose un rendu 2D proche des RPGs de l’âge d’or de la Super Nintendo.
Si cela peut paraître limité, sachez que vous aurez déjà fort à faire. Si d’autres épisodes de la saga des Rpg Maker se sont essayés avec plus ou moins de succès à une représentation 3D, il faut bien avouer qu’il est bien plus simple de travailler sur deux plans d’autant plus si cela est votre première incursion en la matière.
Une petite sensibilité au style J-Rpg est forcément un plus. Car la plupart des grands classiques et clichés du genre sont tous présents.
Mais malgré cette limitation technique, force est de constater que les modèles 2D proposés sont agréables. Qui plus est, ils peuvent être modifiés dans une certaine mesure.
Toujours dans son optique de simplification de conception, en éditant certains éléments, d’autres seront automatiquement générés. Ainsi, en modifiant le visage et les détails d’un personnage, tous ses sprites (les différents rendus utilisés afin de créer une animation) seront adaptés, vous faisant gagner un temps précieux.
Toujours en terme de rendu, vous pouvez sélectionner et modifier des animations pour chacune des attaques. Elles aussi d’un rendu sommaire, elles nous renvoient des années en arrières comparées aux standards du genre. Mais ici, comprenez bien qu’il s’agit d’un titre à destination des amoureux d’un rendu à l’ancienne et non à la recherche du photo-réalisme next-gen.
Une bien belle caisse à outils
Si elle peut sembler fouillie de prime abord, l’interface est en réalité très complète. Alors oui, je vais être honnête avec vous, malgré une foule bonnes idées de la part des concepteurs, il vous faudra faire un gros effort d’adaptation.
Nous sommes à des années lumières d’un Mario Maker ou de l’éditeur de circuit d’un Trackmania. N’allez pas vous imaginer que je dénigre ces derniers, bien au contraire. Mais là, soyez bien conscient que vous pouvez et que vous allez devoir vous occuper d’une foule de détails gargantuesque.
La saga est habituée au support PC avec tout ce que cela comporte, notamment souris et clavier. Malgré tout la console hybride de Nintendo tire son épingle du jeu face à la déclinaison de la quatrième console de salon de Sony.
Il faut être honnête, le tactile trouve ses limites. Il rend l’utilisation de certains éditeurs plus agréables qu’à la manette. Si nous sommes loin du confort d’un clavier, au prix d’un petit temps d’adaptation, l’écran tactile de la Switch verra défiler vos kilomètres de texte avec bien moins de difficulté qu’avec une simple manette.
De la même manière, le jeu regorge de raccourcis accélérant vos déplacements entre les différents outils d’édition et de création. Autant vous dire que de nombreuses heures seront nécessaires avant d’éprouver un certain confort. Mais une fois prit en main, le soft se révèle agréable. Passant rapidement de l’édition d’un objet à son action, son contenu ou encore un événement déclenché.
On choisit pas le chef d’orchestre mais ça sonne bien !
Là encore, le contenu, conséquent, ravira la plupart des utilisateurs. Si la plupart des sons, effets et musiques restent relativement classiques, il y a de quoi faire.
Il faudra vous armer de patience pour sélectionner quel bruit sera affecté à telle ou telle action. Comme pour tout le reste de ce que propose l’éditeur, vous ne pourrez malheureusement pas importer ou composer vos sons et musiques mais la bibliothèque présente est déjà relativement conséquente.
Les sons et musiques proposés sont de bonnes factures et vont chercher dans les standards du genre.
Vous trouverez ainsi des thèmes enjoués, épiques, tristes,… Encore une fois, leurs déclenchements sont relativement simples à mettre en place.
Mais comme pour tout le reste, de part le nombre colossal d’éléments disponibles, votre meilleur ami sera un carnet de note afin d’être sûr de toujours utiliser le même son pour la même action et ainsi gagner en homogénéité.
Pas le meilleur de la saga mais sans conteste le meilleur marchepied vers des outils plus complets et plus complexes.