Le vélo est en quelque sorte ma madeleine de Proust…
Il était un compagnon de liberté, d’aventures et d’ouverture sociale durant mon enfance et mon adolescence.
Puis je me suis “motorisé” et toutes ces pérégrinations enchanteresses en deux roues ont subi une forme d’évanescence programmée.
Mais le plaisir est indélébile et refait surface depuis quelques années.
J’ai besoin de remonter sur un vélo, sûrement par nostalgie mais surtout par conviction.
Je dois l’admettre, l’arrivée des vélos à assistance électrique (VAE) a exacerbé cette envie.
Ironie du sort, ce moteur qui m’avait fait démissionner de la pratique va assurément me remettre en selle.
A mon sens, le vélo (et surtout un VAE) est sera l’alternative à une mobilité urbaine plus saine et une contribution à cette transition écologique qui peine encore à émerger notamment en ville.
Mais quand est-il pour une personne comme moi qui, vivant à la campagne, souhaite prendre son vélo “chaque matin” pour aller au travail ?
Une question légitime quand je dispose de peu voire aucune infrastructure dédiée au vélo et que la sécurité est donc déterminante.
Mais la ruralité n’est pas une fin en soi – qu’à cela ne tienne, je tente le coup !
C’est donc ce que je vais expérimenter avec le Cowboy V3.
Ce vélo à assistance électrique propulsé par la société belge éponyme bravera avec moi les intempéries et m’épaulera pour, ce que j’espère, retrouver ce plaisir d’antan – avec en guise de cerise sur le “plateau” le sentiment de faire un geste pour la planète (c’est un peu tarte à la crème, je vous l’accorde 😉 ).
Mon besoin ne sera surement pas le vôtre mais je resterai objectif sur les usages au cours du test de ce VAE.
Dans son plus simple appareil
Outre son look charismatique et racé, c’est avant tout la simplicité de la proposition belge qui m’a aiguillé sur le choix de ce Cowboy troisième du nom.
C’est tout l’enjeu et la philosophie insufflés par les équipes de Cowboy : offrir un destrier épuré et connecté s’appuyant sur une technologie d’assistance intuitive.
Ici pas de dérailleur, ni de mode d’assistance, juste la symbiose d’un capteur de puissance et d’un capteur de vitesse couplée à de l’intelligence afin de délivrer la puissance nécessaire au moteur de 250W situé dans le moyeu de la roue arrière.
Les 16,9kg à la pesée et ses 70km d’autonomie (dixit la marque) ont fini par conforter le choix du Cowboy 3 sur le papier. A titre personnel, la connectivité était un prérequis… Winkco oblige 😉
Sorti de son écrin cartonné, l’enthousiame est clairement au rendez-vous.
Cette simplicité d’usage que je viens d’évoquer en préambule rayonne sur le design global du vélo.
Ce Cowboy 3 dans sa version noire est sublime.
Comme taillé dans un unique bloc de basalte, le vélo propose une finition très soignée sans soudure apparente.
Il arbore une ligne à la fois moderne et très discrète.
Le feu avant moulé dans le cadre renforce ce sentiment d’unité.
Le feu arrière se retrouve quant à lui directement sur la batterie amovible.
Cette finition mate du cadre en aluminium 6061 préfigure un petit côté furtif qu’il me tarde de vérifier 🙂
Notez que cette V3 est également disponible en gris anthracite et gris minéral (couleur pour laquelle j’ai longuement hésité).
J’ajoute que la taille de ce vélo est unique et qu’il conviendra à toutes les personnes allant de 1,70 à 1,95m.
La société belge travaillerait sur un modèle féminin équipé d’un tube de cadre horizontal plus bas mais pour le moment nous n’avons aucune notion de date de sortie et même si ce modèle sera effectivement présent dans le catalogue.
Qui veut rider loin ménage sa monture
Avant même de chevaucher le Cowboy 3, il faut effectuer les premiers réglages (alignement du guidon, hauteur de la selle, angle des poignées de frein, …) et monter les pédales avec les outils fournis dans le package.
Petite attention sympathique, inutile de descendre dans le garage pour s’outiller, tout est déjà proposé dans la boîte fournie avec le vélo.
On y retrouve un manuel et le QR Code pour le jumelage, les clés Allen de montage, le chargeur de batterie 36V bien cossu et une dernière petite boîte regroupant une sonnette, des catadioptres à fixer sur les rayons des jantes et des feux avant et arrière additionnelles en cas de panne de batterie.
Ma version a été livrée avec des garde-boues prémontés à l’avant et à l’arrière. Sachez que c’est une option qu’il vous conviendra de souscrire à l’achat ou après coup pour la somme de 89€.
Je trouve dommage de proposer ces indispensables en option.
Un système de parrainage vous permet de les obtenir gratuitement si un ami achète le Cowboy sur votre recommandation.
L’essentiel étant terminé, je charge la batterie amovible que je déverrouille et retire de son emplacement sous la selle grâce à la clé fournie (un double est également présent).
Comptez 3h à 3h30 pour une phase de recharge complète.
La batterie est assez lourde : 2,4kg. En revanche, sa position a bien été étudiée car elle ne déséquilibre pas le vélo et son insertion dans le cadre n’offre pas d’appendice disgracieux.
Elle se fond dans le décor.
Il ne me reste plus qu’à télécharger l’application mobile Cowboy sur iOS ou Android, créer un compte et jumeler le vélo soit en utilisant le QR code fourni avec le manuel soit grâce à la connectivité Bluetooth embarquée dans le vélo.
Le vélo est associé à un seul et unique compte utilisateur. Il n’y a pas de notion de partage au sein de l’appli, si vous souhaitez le prêter à un ami, il faudra lui fournir vos codes d’accès.
Cette application mobile permet notamment de déverrouiller le vélo automatiquement lorsque vous vous trouvez à proximité mais je reviendrai plus en détail sur son utilisation.
Pour l’heure, partons taffer 🙂
Un nouveau shérif en ville mais pas que…
Le petit afficheur (échelonné sur 5 LEDs) présent sur le cadre du vélo m’indique que la batterie est full.
J’inscris alors ma destination sur l’application mobile.
Allez, j’ai 20 kilomètres à effectuer pour aller travailler et l’app m’annonce une petite heure de route avec un trajet quelque peu intimidant compte tenu de certains dénivelés à franchir.
Ce n’est pas le col du Galibier mais pour moi c’est tout comme.
Inutile de s’équiper de pinces pour le jeans, ce Cowboy adopte comme les modèles précédents une transmission par courroie en carbone. Ciao la chaîne toute graisseuse.
Dès les premiers coups de pédale, on comprend vite cette intuitivité annoncée par la marque.
La conjugaison des deux capteurs (capteur de couple présent dans le pédalier qui mesure la force exercée sur les pédales et le capteur de vitesse) ainsi que l’algorithme de Cowboy offre une assistance naturelle.
Le vélo déterminera ainsi la puissance à délivrer pour vous aider – tout cela sans actionner le moindre bouton.
Un coup de pédale affirmé et vous prendrez un bon coup de fouet grâce aux 30 Nm de couple du moteur.
Le vélo détecte d’ailleurs les arrêts et permet ainsi d’apporter une assistance supplémentaire au démarrage… J’ai le sentiment d’être un motard au feu rouge 🙂
Ce supplément provoque un petit soubresaut de la part du moteur mais rien de perturbant.
Toutes ces sensations sont vraiment agréables à l’usage.
On n’est pas sur une mobylette, il faut jouer des jambes pour affronter les difficultés du parcours mais sans devoir s’épuiser.
Mieux ce “col du Galibier” redouté avant le parcours a été avalé avec une facilité déconcertante.
C’est assez difficile à exprimer comme ressenti mais cette intimidation de faire 20km après avoir déserté la pratique du vélo pendant des années laisse place à une galvanisation pour enfin arriver à son but.
Mieux une fois la destination atteinte, je n’arrive pas en loque au travail après 1 heure de trajet. Frais et fringant pour entamer une journée de boulot.
Bonne transition pour vous parler d’autonomie.
Les 70km annoncés par la marque ont été respectés et pourtant je n’ai pas l’impression d’avoir ménager le vélo. Excellent point donc !
Bien entendu, le Cowboy 3 respecte la législation française en vigueur. L’assistance vous permettra d’atteindre les 25km/h réglementaires. Vouloir aller au-delà n’a que peu d’utilité.
Si sur les modèles précédents, on pouvait déverrouiller le mode pour dépasser les 25km/h avec assistance, cette version 3 est désormais régionalisée.
On ne peut donc plus le débrayer dans l’hexagone.
Silence, ça pousse !
Même si mes Sennheiser Momentum TW2 m’ont accompagné durant une partie de mon trajet, j’ai trouvé le vélo hyper discret et silencieux.
Lorsque l’on réclame de la puissance en roulant, le moteur reste muet et c’est vraiment agréable.
Les freins à disque présents à l’avant et à l’arrière ont eu tendance à couiner un peu. Mais je constate à l’usage que le bruit s’amoindrit au fur et à mesure du temps (syndrome du neuf !?)
Les pneus contribuent également à rendre le vélo “silencieux”.
Slicks, ils dévorent l’asphalte.
Ils sont un peu plus larges que les versions précédentes et proposent désormais une couche de protection anti-crevaison. Les nids de poule et les cailloux dans ma rue en travaux sont totalement snobés.
Le vélo est bien équilibré et sa conduite est précise et instinctive pour éviter ces embûches.
Attention le manque de rainurage sur leur surface peut provoquer quelques pertes d’adhérence sur sol mouillé notamment au freinage.
J’en profite pour glisser un mot sur les gardes-boue (en option) qui font parfaitement le job sous la pluie.
Le guidon assez étroit permet de se faufiler facilement et renforce la rapidité de réponse des manoeuvres que l’on peut effectuer.
Concernant les feux avant et arrière, ils permettent d’être identifié distinctement en pleine nuit ou en cas de forte pluie.
Etant parti de bon matin, le feu avant, même s’il éclabousse bien, n’offre pas un éclairage suffisant pour se déplacer en toute sécurité dans une voie sans éclairage public.
Petite subtilité du feu arrière, il clignotera pour avertir vos poursuivants que vous ralentissez.
Ces feux sont constamment allumés et sont indissociables. Il est possible de les désactiver via l’application mobile Cowboy.
Je formule une petite doléance personnelle aux équipes 🙂 : un petit capteur de luminosité aurait pu être sympa pour activer les feux automatiquement dès que la luminosité ambiante diminue.
Plutôt chill ou sportif ?
Évaporons de suite ce choix, ce Cowboy 3 est clairement sportif. Mais rien n’empêche les petites balades tranquilles.
La taille du vélo et notre position en selle incitent à attaquer le bitume.
Je mesure 1,90m et ne pouvant pas augmenter la hauteur de la potence, la position confère un aérodynamisme qui m’engage sur ce côté sportif du vélo.
Sa rigidité renforce un peu plus cet esprit.
Pour des questions de poids, le vélo n’offre aucun système de suspension.
Les pavés d’Honfleur ont réveillé quelques muscles chez moi 🙂 .
Je trouve que les nouveaux pneus plus larges amortissent bien les chocs, mais ne compensent pas totalement la rigidité naturelle du vélo.
Embarquant à l’avant et à l’arrière des freins à disques hydrauliques Tektro, le freinage est saisissant. Précis et mordant, les freinages d’urgences sont possibles sans trop de surprises.
C’est très rassurant et sécurisant.
La selle très fine m’a plutôt bluffé pour des courtes distances. Elle reste agréable pour quelqu’un qui n’a plus l’habitude de rider régulièrement. Bien entendu, ceci est un retour personnel qu’il faudra nuancer en fonction des exigences de chacun.e… les longs trajets pourront mettre à mal certains fessiers (j’inclue le mien volontiers).
Globalement le vélo est confortable mais pourrait finir par être éprouvant si vous effectuez des trajets de plus de 20km et que vous quittez un asphalte parfaitement lisse.
Pas de chichi, tout dans l’appli
Le Cowboy est clairement qualifié de vélo connecté.
Souhaitant garder une certaine sobriété dans l’usage du biclou, les équipes ont préféré déporter la connectivité sur nos smartphones grâce à l’application mobile Cowboy (compatible iOS et Android) plutôt que d’embarquer l’ensemble dans un dispositif intégré comme pour l’Angell Bike.
Le Bluetooth sera de rigueur pour connecter le vélo à l’application.
Cette dernière permet de configurer les usages.
Notamment le fameux Auto Unlock qui permet au vélo de se déverrouiller automatiquement sans devoir dégainer son smartphone lorsque l’on se tient à proximité. Il faut pour cela que l’application tourne en arrière plan.
Déplacez le vélo et il s’activera !
Il est possible pour ce mode d’utiliser une minuterie de verrouillage automatique pour couper le Cowboy au bout de 2 , 5, 10 ou encore 30 minutes d’inactivité.
Simple et efficace.
Alors beaucoup me disent : “Oui mais si tu n’as pas ton smartphone ou que sa batterie est à plat, tu fais rien avec ce biclou”.
Et bien non, si vous ne disposez pas de votre smartphone sur vous mais que vous souhaitez bénéficier de l’assistance électrique, il suffira de déconnecter la batterie et la reconnecter dans les 20 secondes pour activer le vélo. Bien entendu, il faut avoir la clé de déverrouillage de la batterie avec vous.
Toujours via l’application, vous pourrez également activer la détection de chute qui permet en cas d’accident d’envoyer un message au numéro de contact d’urgence que vous aurez préalablement renseigné dans l’application.
En cas de chute avérée par le vélo, vous aurez 60 secondes pour annuler l’envoi de l’alerte au contact au sein de l’application. Sans retour de votre part, l’appli enverra un SMS avec les dernières coordonnées connues.
Le dashboard de l’application vous permet de géolocaliser le vélo, allumer ou éteindre les feux, verrouiller ou déverrouiller le vélo et planifier un itinéraire.
En roulant vous aurez votre vitesse, le temps du trajet et surtout l’itinéraire pour vous guider via le GPS de votre smartphone.
Notez qu’aucun accessoire n’est présent avec le vélo pour arrimer votre portable sur le guidon du vélo.
En déroulant le menu, vous obtiendrez en un clin d’œil l’autonomie restant en km/h et petit bonus, le volume de CO2 économisé en utilisant le Cowboy.
Les Trips History permettent d’avoir une vision de ses sorties échelonnées sur un jour, une semaine, un mois ou encore une année.
Ainsi par session, vous aurez la distance parcourue, le temps, la vitesse moyenne et le volume de CO2 économisé.
Ces rapports sont assez succincts et mériteraient plus de données analytiques (le dénivelé, la vitesse max, …)
Je pense qu’il serait judicieux de proposer dans une future release de l’application, le support de la langue française. Cela ne me dérange pas mais ça peut en rebuter plus d’un.
Enfin, la fonction Find My Bike géolocalise le vélo depuis l’application.
Une carte SIM inclue dans le vélo permet d’obtenir les coordonnées précises.
Arrivé à proximité du lieu et grâce au Bluetooth, un indicateur “chaud / froid” vous indiquera si le vélo est proche de vous ou si vous vous en éloignez.
Et franchement pour l’avoir tester, ça fait le job.
Cette application est en constante évolution. Une prochaine mise à jour devrait voir le jour offrant la possibilité d’emprunter l’itinéraire le moins pollué.
Easy Rider
En France, on considère qu’un vélo est volé toutes les minutes.
Se faire voler son Cowboy quand il s’affiche au prix de 2290€ (sans garde-boue), ça pique un peu.
C’est pourquoi, Cowboy propose son programme Easy Rider.
Une assurance qui permet en cas de vol de bénéficier des notifications de détection de vol.
Si vous n’êtes plus à proximité du vélo et que ce dernier se sent chahuté, une notification vous sera envoyée avec la position GPS du vélo.
En cas de panne de batterie, une autre de secours dissimulée dans le cadre prendra le relais afin d’assurer cette notification.
En revanche, aucune dissuasion de vol avec une alarme ou encore un blocage de roue via moteur, le larcin n’aura pas d’assistance et le vélo sera donc géolocalisable.
Ce service facturé 8€/mois offre une protection de votre vélo contre le vol, un remboursement des dommages lorsqu’ils résultent d’une tentative de vol et un service support express.
Pour 2€ de plus par mois, vous pourrez souscrire à l’offre Easy Rider Plus, qui en plus de la première offre, couvrira les dommages matériels.
Tous mes souvenirs de gamin en compagnie de ce vélo sont remontés… Et que les bons puisque maintenant je grimpe les côtes en sifflotant.
Il me reste quelques jours pour le négocier sous (à côté plutôt) le sapin pour Noël.
Le pari de cette société belge d'offrir la simplicité aux services d'une assistance électrique intuitive fait de ce vélo connecté, une vraie petite pépite des routes.
Simplicité et efficacité sans sacrifier la sécurité... tout est dit !
Certains pourront lui reprocher de déporter les usages sur un téléphone et pourtant c'est agréable de n'avoir qu'à pédaler simplement et librement sans s'accommoder de boutons ou encore d'écran superflu.
Et puis soyons un peu léger, sous ses airs d'engin furtif, son design ne passe pas inaperçu. Ce Cowboy est aussi beau gosse que Clint Eastwood en son temps 😉
Bref une vraie réussite qui frise la perfection !